Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ils prenoient également soin d’intéresser les souverains dans leurs causes, & de leur persuader que la religion exigeoit qu’ils persécutassent ceux qu’on ne regardoit point orthodoxes. C’étoit par leurs avis, que l’empereur Justinien ne croyoit pas commettre un homicide, lorsque ceux qu’il condamnoit à la mort, faisoient profession d’une autre religion que de la sienne.[1]

Je découvre encore, mon cher Isaac, chez les anciens pontifes nazaréens un penchant à pousser les choses à l’extrême, à animer le peuple, à exciter des séditions, lorsqu’elles peuvent servir à l’augmentation de leur pouvoir. Cyrille d’Alexandrie fut un véritable cardinal de Retz. Il fit en Egypte tout ce que ce dernier fit en France. Les auteurs nazaréens, de quelque secte qu’ils soient, conviennent de cette vérité. Saint Cyrille, dit Barbeirac [2] étoit, selon le jugement de M. l’abbé du Pin, un homme ambitieux & violent, qui, ne cherchant qu’à augmenter son autorité, ne se vit pas plutôt élevé sur le siège épiscopal qu’il chassa, de son autorité, les novations, & dépouilla

  1. Oukh(i) oi edokeï ph(th)onos anthropou eïnaï ên ke mê tês aitïas dokês oï teleutôntes tukhoïen ontes.*-- Procopius, in Anekdotoïs, pag. 60
    *(Voir note en tête de la table des matières au sujet de la translittération du texte grec de l’ouvrage original)
  2. Préface du droit de la nature & des gens, page xlvj.