Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/171

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leur évêque des biens dont il jouissoit. Il attaqua les juifs dans leurs synagogues, & à la tête de son peuple, il les leur enleva, les chassa d’Alexandrie, & permit que les chrétiens pillassent leurs biens, appuyés sans doute de la sainte maxime de l’évêque d’Hypponne, que tout appartient aux fidéles, & que les méchants ne possedent rien avec justice.

S. Cyrille se brouilla encore avec Oreste, gouverneur d’Alexandrie, sur l’autorité duquel il ne faisoit qu’empiéter. Cinq cent moines soutenant leur évêque, entourerent un jour le gouverneur, le blessèrent d’un coup de pierre, & l’eussent tué, si ses gardes & le peuple n’eussent arrêté leur fureur. Il en coûta la vie à un moine qui fut pris, & mourut à la question. S. Cyrille le fit passer pour un saint. Une célebre philosophe payenne, nommée Hipacie, fut la victime que les partisans de l’évêque immolerent aux mânes de leur martyr. Elle fut déchirée cruellement, parce qu’on l’accusa d’avoir irrité le gouverneur contre le prélat.

Ne voila-t-il pas, mon cher Isaac, le juste équivalent des troubles causés par les frondeurs ? Il est vrai que le cardinal de Retz ne se faisoit point escorter par