Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/172

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cinq cent moines, lorsqu’il alloit au parlement : mais il en employoit un grand nombre à diverses choses qui n’étoient pas moins utiles à ses desseins. Je crois voir dans la personne du gouverneur Egyptien, le cardinal Mazarin obligé de sortir de Paris ; & dans celle de Cyrille, je trouve la fierté, l’audace, l’ambition & l’esprit séditieux du pontife Parisien. Je ne pense pas qu’on puisse trouver deux caracteres aussi ressemblans que ceux de ces prélats nazaréens. Cependant par votre bizarrerie étonnante, dont le seul esprit humain peut être capable, l’un est considéré comme un saint, comme un auteur, dont les écrits doivent servir de fondement à la morale nazaréenne, & l’autre comme un séditieux, comme un fourbe, & comme un homme indigne du rang qu’il occupoit. La raison d’un sentiment aussi hétéroclite, c’est apparemment que l’un vivoit il y a treize cent ans, & que l’autre, pour son malheur, est né dans ces derniers tems. S’il eût été patriarche d’Alexandrie, il auroit pu impunément assiéger le gouverneur à la tête d’une armée de moines, révolter le peuple, & l’exciter à mettre en pièces une femme que son sexe & son esprit supérieur ne garantirent point de la fureur monacale, sans que des actions aussi