Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/194

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il retourne de cette façon l’objection qu’il vient de faire ?

Cependant je cherche, mon Dieu, je cherche une lumiere au dessus de la lumiere que l’ame n’apperçoit point. Je cherche une voix au-dessus de toutes les voix que l’oreille n’entend point. Je cherche une odeur au dessus des odeurs que le nez ne peut sentir. Je cherche une chose moëlleuse au-dessus de toutes les choses moëlleuses que le tact ne peut discerner.[1]

La même pensée est encore exprimée tout de suite par de nouvelles antitheses [2] : & ce n’est qu’après avoir employé deux pages à la retourner de toutes les manieres différentes, qu’il se résout à l’abandonner.

Ce style de déclamateur nuit infiniment aux plus beaux ouvrages d’Augustin. Le lecteur voit avec peine, & même avec indignation un philosophe courir après de faux-brillants, & accabler

  1. Attamen cum Deum meum quaero, quaero nihilominus quamdam lucem super omnem lucem, quam non capit oculus ; quamdam vocem super omnem vocem, quam non capit auris ; quamdam odorem super omnem odorem, quam non capit naris ; quamdam dulcorem super omnem amplexum, quem non capit tactus. Div. August. Soliloq. lib. cap. 31, num. 3.
  2. Ista lux quidem fulget ubi locus non capit. Ista, vox sonat ubispiritus non capit. Odor iste redolet ubi status non spargit. Sapor iste sapit ubi non est edacitas. Amplexus iste tangitur ubi non devellitur. Idem, ibid.