Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/205

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chevaux & des couronnes de laurier [1].

Mais ces idées sont-elles moins vraisemblables que les autres ? Les peines que les anges noirs font souffrir, ne sont-elles pas un juste équivalent des ames qu’on plongeoit dans le Tartare & dans le Phlégéton ? Cependant nous nous étonnons tous les jours de la crédulité des Payens, & nous ne disons rien de celle des Turcs, parce que l’usage & l’habitude nous y ont accoutumés.

Outre le ridicule, la religion mahométane a quelque chose du sauvage, ou pour mieux dire, de la brute. L’imbécillité que les Turcs ont de croire qu’une statue demandera une ame dans l’autre monde à celui qui l’aura faite, les a portés à détruire tous les morceaux antiques qu’ils ont trouvés dans la Grece.

Mahomet, qui comprit que les beaux arts donnoient à l’esprit une certaine pénétration, voulut éloigner de ses sectateurs tout ce qui pouvoit leur faire sentir le ridicule de ses préceptes.

  1. Arma procul, currusque virûm miratur inanes. Stant terrâ de fixae hastae passim solutis Per campos pascuntur equi, quae gratia curruum. Armorumque fuit vivis, quae cura nitentes Pascere equos, eadem sequitur tellure repostos. Virg. Aeneid. lib. 6 vers. 707.