Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/217

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Si les François comptent si fort sur les sur les sentimens de leurs nobles, que doivent espérer les Turcs, puisque le moindre Mahométan pense & agit comme un noble, a les mêmes désirs de la gloire & la même espérance d’y parvenir. Je sais que chez les François on a vu quelquefois, par des accidens extraordinaires, un homme du simple peuple s’élever dans un degré éminent ; mais ce cas arrive si peu, que c’est un foible préjugé. Tous les emplois, tous les honneurs sont remplis par la noblesse ; & c’est un hasard, lorsqu’un roturier franchit tous les obstacles qui s’opposent à sa fortune.

Ces réflexions me conduisent aux différens états dont la France est composée. On la divise en trois ; l’église, la noblesse & le peuple. Les ecclésiastiques, à la tête desquels sont les pontifes [1], tiennent le premier rang : la noblesse vient ensuite ; & le peuple représenté par les députés des villes & des provinces, est le dernier en grade.

On tenoit autrefois des assemblées, où se trouvoient ces trois corps : on les appelloit les états généraux. Ils délibéroient conjointement avec le souverain, des choses qui paroissoient nécessaires

  1. Les évêques.