Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/255

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louis, & de mettre le tems à profit. La jouissance le rendit content. Il retourna satisfait dans sa province. Cette aventure donna du goût à la Prévôt pour tenter quelquefois semblable fortune ; mais ses autres infidélités ne lui réussirent pas aussi bien. Son amant s’en apperçut : il l’abandonna entierement. Elle fit ce qu’elle put pour le faire revenir : & voyant que tous ses artifices étoient inutiles, elle eut l’impudence de lui demander le payement de certaines sommes, & de l’attaquer en justice réglée. Le crédit de l’amant fit cesser un procès aussi surprenant : cette affaire fut terminée dans la suite par des gens qui prirent soin de l’étouffer entierement.

Tu vois, mon cher Brito, que les courtisanes de Rome ne remuent pas de pareils efforts. Le mal qu’elles font toutes ensemble, ne sçauroit être égalé aux éclats & aux voleries d’une seule fille de l’opéra de ce pays. Heureux ceux qui fuient avec soin la connoissance de ces pernicieuses enchanteresses, & dont les mœurs pures ne sont pas souillées par leur commerce.

Porte-toi bien, mon cher Brito, & écris-moi si tu resteras encore long-tems à Rome.

De Paris, ce…


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