Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/257

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« Sur le caractere des Courtisans.


« On croit à Paris qu’on ne peut connoître la cour que par une étude pénible, & une habitude consommée de ses usages. Le bourgeois de la rue saint Denis se figure que le cœur d’un homme qui vit à Versailles, qui voit le roi, qui parle au ministre, est aussi impénétrable que les secrets les plus cachés de la nature. Il entend dire perpétuellement que la dissimulation est le talent des courtisans : & comme il ignore combien il est aisé lorsqu’on connoît les hommes, de s’appercevoir des passions qui les font agir ; il pense qu’on ne peut lire à travers un voile qui déguise foiblement.

« Bien des gens qui ne connoissent la cour que sur le récit qu’ils en ont entendu faire, ou sur les portraits généraux qu’ils en ont lûs dans quelques livres, donnent également dans cette erreur. Mais il n’est pas besoin d’un grand usage pour être bientôt au fait des maximes de la cour, &