Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/294

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François : mais si quelqu’un refusoit de croire que les deux doigts allongés du pontife purifient un million d’ames à la fois, il seroit peut-être bien & duement brûlé en place publique ; le tout par motif de conscience & de religion.

Les souverains pontifes nazaréens furent élus autrefois par les suffrages du peuple, qui cependant n’avoient lieu qu’autant qu’ils étoient confirmés par la volonté des empereurs. [1]

  1. Le nom de sainteté, qu’on donne aujourd’hui au pape seul, étoit commun autrefois à tous les évêques. La cour de Rome a grand tort de vouloir faire valoir ce titre comme une marque de son indépendance des princes : car, il est constant et avéré, par toutes les histoires, que, plus de trois cents ans après Constantin, les empereurs de Constantinople ont toujours eu le droit de confirmer l’élection des papes. Quant au nom de sainteté, anciennement il étoit donné à tous les évêques. « Ce mot, dit Pasquier, fut spécialement adopté aux évêques. Sidonius, au quatrieme livre de ses épîtres parle de l’élection d’un évêque, en laquelle il y avoit eu de grandes brigues. S. Patian & S. Euphrone ont enfin élu, dit-il, S. Jean, personne recommandable en toute honnêteté, humanité & douceur. S. Jerôme écrivant à Florentius, dit, S. Evagre, prêtre, vous présente ses respects. Et de la suite de ceci vient que, quand on parloit aux évêques, c’étoit avec cet honnête éloge, votre sainteté. Ainsi le trouvez-vous par exprès en toutes les épîtres de Cassiodore, toutes & quantes fois que Théodoric,