Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans la suite des temps, cette maxime changea. Actuellement, ce sont des pontifes qui portent un habillement rouge [1], & un rang distingué dans l’église nazaréenne, qui jouissent de ce droit.

Ils ont peine quelquefois à s’accorder sur le choix d’un sujet, par les divers intérêts qu’ils prennent à certains princes dont ils sont les créatures. Ils

    Atalaric, Théodat, ou Vitige, rois d’Italie, écrivoient à quelques évêques de leur royaume. S. Grégoire, écrivant aux patriarches d’Antioche, use tantôt de ces mots : vestra beatitudo, tantôt vestra sanctitas ; à l’évêque de Milan, qui tenoit grand lieu dedans l’Italie, vestra sanctitas ; aux autres communs évêques, vestra fraternitas. Socrate au VI. livre de son histoire ecclésiastique, s’excuse de ce que parlant des évêques, il ne les avoit honorés de cette épithete de sanctissime, ou de telle autre sorte de titre que l’on avoit accoutumé de leur bailler. Au contraire, Théodoric, par tout le discours de son histoire, ne parle guere des évêques, qu’il ne les accompagne de ces mots : saints ou béats, encore, qu’ils fussent vivans. » Pasquier, Recherche de la France,liv. 2, chap. 3, page 157. Voilà l’origine du fastueux titre de sainteté que la cour de Rome fait sonner si haut aujourd’hui. Elle ne convient pas de cela. Mais quoiqu’elle ne trouve pas ces preuves valables, je crois qu’elle souhaiteroit d’en avoir qui fussent la moitié seulement aussi bonnes pour autoriser la prétendue donation imaginaire de Constantin.

  1. Les cardinaux.