Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/297

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Seigneurs, ou des fils de princes. Plusieurs demeurent auprès des souverains à qui ils sont attachés : il n’en reste qu’un certain nombre à Rome. Ceux-là sont très-utiles aux habitans : sans eux le peuple seroit excessivement pauvre. L’argent qu’ils déposent est le seul qui se répand sur tous les particuliers. Celui qui vient des pays étrangers entre dans la bourse des prêtres & des moines. Les neveux & les ministres des pontifes régnans en ont une bonne partie ; la plupart du tems ces sommes restent entassées dans des coffres, ou sortent du pays. Ce qui vient d’arriver au cardinal Coscia servira d’exemple aux futurs favoris. Ils auront plus de soin de cacher leur or, & la crainte d’être recherchés les rendra plus circonspects.

Ce Coscia, sous le pontificat précédent, vendoit tout, honneurs, dignités, graces, &c. Jugez s’il étoit difficile sur le chapitre des permissions & des indulgences.

Il en eut vendu, non seulement à toute l’Europe ; mais il auroit voulu pouvoir établir des comptoirs dans les autres parties du monde, pour débiter sa marchandise. Le pontife, dont il étoit ministre, étant mort, ses ennemis, avides des trésors qu’il avoit amassés, lui susciterent une cruelle persécution. Après plusieurs