Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/314

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y ait un commerce ou un retour de devoirs du souverain à ses sujets, & de ceux-ci au souverain. [1] Mais je crois aussi que cette bonté, cette équité, cette justice que doit avoir un prince, ne diminue en rien la subordination, & l’obéissance du peuple.

Si un bon roi doit être le pere de ses sujets, ils doivent avoir pour lui la soumission des enfans : les devoirs des uns sont aussi sacrés que ceux des autres. Aussi voit-on que tout prospere, que tout réussit, que tout abonde dans une monarchie où le prince confond ses intérêts avec ceux de son peuple.

Quand on donne à un souverain le titre de grand, d’auguste, d’invincible, je regarde tous ces noms-là comme des marques d’une ambition démesurée, comme des blessures cachées dont l’état se ressent par la dépense que lui a coûté son prince, avant que d’acquérir une gloire aussi mal fondée.

Lorsqu’on appelle un souverain pere du peuple, ce titre seul fait son éloge : il renferme en lui seul toutes les qualités

  1. Il y a, dit le sage la Bruyere, un commerce ou un retour des devoirs du souverain à ceux de ses sujets, & de ceux-ci aux souverains. Quels sont la plus assujettissans & les plus pénibles ? Je ne le déciderai pas.