Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le naturel, conformes à la vérité. Tu croiras aisément ce que je te dis, si tu considéres qu’il n’est que le bas peuple qui donne dans ces chimeres.

Les gens à qui les réflexions, l’étude ou la simple raison, font connoître le ridicule de ces fourberies, ne vont point s’amuser à désabuser les sots & les imbéciles pour ne pas s’attirer une foule d’ennemis. Ils se contentent de gémir en secret de l’erreur du vulgaire. S’il n’est point de religion au monde où le peuple soit aussi superstitieux que dans la nazaréenne, il n’en est point non plus où les gens d’un certain état aient moins de persuasion pour la moitié des contes que les moines débitent.

Les prédicateurs déclament perpétuellement à Paris contre la négligence des préceptes nazaréens : ils annoncent un changement considérable prêt d’arriver dans leur religion, si l’on n’a plus de docilité & plus de croyance pour leurs sentiments. Leurs discours, cependant n’augmentent guere leur crédit. La raison portant son flambeau dans les cœurs, met au grand jour leurs impostures.

Dans le dixieme siecle, les moines s’aviserent de prêcher la fin du monde. Ils persuaderent au peuple que la terre devant bien-tôt retourner dans le néant,