Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/359

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Lettre XXXII.

Aaron Monceca à Jacob Brito.

Je fus avant-hier chez un Juif Vénitien nouvellement arrivé dans cette ville, & dont la réputation y fait beaucoup de bruit. Il vend des phosphores & des essences qu’il distile pour des causes différentes. Il en a pour blanchir la peau, & d’autres pour la rendre unie. Il a plusieurs machines pour des expériences physiques qui sont très-curieuses. Mais ce qui attire chez lui la foule du monde, & excite le plus la curiosité, c’est l’idée qu’on a conçue de lui. On le croit un grand cabaliste ; l’on assure dans tout Paris qu’il possede à fond cette science. La curiosité & l’envie de m’éclaircir d’une chose dont j’ai toujours douté, a occasionné la connoissance que j’ai faite avec lui. Je lui ai demandé s’il étoit vrai qu’il sût l’art de prévoir les choses futures & qu’il eût la puissance de commander aux esprits ? Il m’a avoué franchement que toute sa science consistoit dans ses expériences chymiques.

J’ai, m’a-t-il