Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/363

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chantent quelques airs, prononcent quelques paroles qui perfectionnent la vertu du charme. Ils réservent ensuite cette eau pour chasser tous les malins esprits. Ils prétendent que les démons sont obligés de fuir dès qu’ils en sont touchés.

Quand un homme est atteint de la folie démoniaque, & frappé d’une erreur aussi pernicieuse, les prêtres guérissent un mensonge par un autre. La même prévention qui cause l’extravagance des misérables qui croient être possédés, leur persuade que le remede qu’on leur donne est infaillible : leur mal cesse par le calme qui revient dans leur imagination, & qui succede à l’égarement dans lequel la crainte l’avoit plongée. Ainsi ils sont toujours le jouet de leurs préjugés : leur repos & leur tranquillité en sont une suite nécessaire.

Quelque étonnant que soit l’aveuglement du peuple, de recevoir avidement l’impression de pareilles chimeres, on en est moins surpris lorsque l’on considere que ces erreurs sont consacrées par la foi & par la religion. Les temples nazaréens sont remplis de monumens qui transmettent d’âge en âge les histoires de ces sortiléges.

Il y a dans une ville peu éloignée de