Page:Boylesve - Le Parfum des îles Borromées, 1902.djvu/240

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litesse en demandant des nouvelles de mademoiselle Solweg.

— Monsieur Belvidera, dit-elle, je vous en prie, ne me quittez pas si tôt, et, puisque vous avez fait un tour en ville, dites-moi de quoi il retourne ; je n’ai pas pu sortir à cause de ma sœurette, et vous savez que je suis une curieuse !…

— Mais, madame, je n’ai rien vu que d’ordinaire…

Yes, dit le révérend qui se hâtait d’accomplir sa mission avec le scrupule qu’il avait certainement apporté dans toutes les fonctions de son existence, yes, c’est toujours le même chose ; et le scandale est devenu notre sport préféré. Ah ! madame, Dieu nous expédiera le châtiment !

— Quoi ? dit Mme de Chandoyseau sur un ton étonné, que voulez-vous dire ? C’est toujours cette malheureuse fille ?…

— Hélas ! madame, elle est véritablement l’impiudence mériée au libertinage ; et c’est la spécialité de la douleur pour notre petite amicale famille de voir cette jeune homme qui a le place à notre table, contribuer…

— Ciel ! que voulez-vous dire ? Un des nôtres ! serait-ce vrai ?… Je sais que le bruit en a couru ; mais c’est impossible ! Voyons, mon révérend, qu’avez-vous appris ? avez-vous vu quelque chose ?

— Si j’ai vu, madame ! yes ! cent personnes ont vu comme moi, ce matin, sur le place, cette jeune homme, en compagnie de la maôvaise girl qu’il a emmenée faire le promenède aux jardins Serbelloni !…

— Mon révérend ! mon révérend ! vous avez dû vous tromper : ce que vous dites là me suffoque, c’est invraisemblable !

Elle était effrayée elle-même de la consistance que