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XXVIII


Ceux qui restaient allèrent se promener. À part quelques connaissances assez indifférentes, il n’y avait plus autour de Dompierre que les Chandoyseau et Solweg. Le révérend Lovely et sa femme étaient partis à la suite de l’affreuse scène du bord du lac, et Lee était là-haut tout seul.

On ne craignait plus le soleil ; le lent tonneau d’arrosage avait interrompu sa promenade des beaux jours de torpeur, et les pluies fréquentes lavaient les allées.

Gabriel sentait approcher la minute du chagrin qui déborde, éclate et se répand comme un fleuve qui a crevé ses digues. C’était une sourde rumeur grossissante qui semblait lui monter de la poitrine à la gorge, et qui se portait aussi sur la vue qu’elle brouillait peu à peu. Car le fait lui-même n’est presque rien en comparaison de son retentissement : l’adieu, l’omnibus et la dernière ligne du profil qui disparaît au tournant de la route, c’est à présent que cela pénètre et opère son ravage !

Il était tenté de fuir. Il avait eu plusieurs bonds en avant ; il avait préparé le mot de congé : « Vous permettez ?… » ou : « Pardon !… » Mais sa nature de vo-