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Page:Boylesve - Le Parfum des îles Borromées, 1902.djvu/95

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dans l’ombre du jardin, en levant les yeux au ciel. Mais la jolie fille qui avait eu le succès de la tarentelle et allait commencer le tour de l’assistance, une sébile à la main, courut à lui, et on le vit se retourner du côté de la lumière pour prendre de la monnaie dans son gousset. C’était le prix du scandale. Du moins fit-il ses efforts pour ne point recevoir le sourire troublant de la danseuse napolitaine.

Gabriel faisait remarquer la petite scène à Mme Belvidera qui était assise auprès de lui, et tout en lui racontant les conseils impromptus que le révérend lui avait donnés au bain.

— Prenez garde, dit-elle ; il y a ici une jeune fille de vos compatriotes qui est tout à fait en âge d’épouser un homme comme vous. Vous ne lui déplaisez pas assurément ; et, bien que vous déconcertiez un peu sa sœur aînée qui lui tient lieu de maman, vous n’avez pas de défauts assez saillants pour ne pas lui représenter un parti sortable. Il y aura ou il y a déjà peut-être un complot organisé contre… ou pour votre intéressante personne !…

— Je n’aime pas ces plaisanteries-là !… Voyons ! je vous parle en riant de la conversation énigmatique du bonhomme Lovely, à cause de ce qu’elle a d’imprévu et d’amusant ; et vous me répondez de votre plus grand sérieux…

— Mais c’est sérieux, un jeune homme en présence d’une jeune fille ! c’est une réunion tellement sérieuse que tout autour d’eux conspire à les rapprocher, les gens et les choses, les hasards fertiles ; c’est une entente secrète, mystérieuse, une espèce de sourde volonté de la nature qui agite et met tout en branle dans le but de les unir !

— Pourquoi me dites-vous cela ? Vous savez bien qu’il m’est très désagréable de vous entendre parler