Page:Boylesve - Le Parfum des îles Borromées, 1902.djvu/96

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de tout ce qui n’est pas vous, votre amour, et l’espoir de le prolonger, d’y consacrer toute ma vie. De plus, vous savez qu’il y a dans ce cas particulier quelque chose qui m’est tout spécialement désagréable, qui devrait vous interdire même de l’envisager comme réalisable ; faut-il vous rappeler la circonstance de la grotte ?…

— Enfant ! enfant ! tout ça ne signifie rien, et cette circonstance est une chose qui pèse bien peu contre la détermination d’une femme. Qui sait ? elle a pu même produire tout le contraire de ce que vous imaginez ! Ah ! comme vous nous connaissez peu !… Et vous me demandez pourquoi je vous parle de cela, moi ? Mais peut-être bien parce que je ne peux pas plus faire autrement que les autres ; peut-être parce que j’obéis aussi à cette force secrète, à la conspiration universelle en faveur du mariage ! Peut-être est-il naturel aussi que je vous parle avant tout autre de cette éventualité, parce que je suis la personne qui la redoute le plus ?…

— Tout cela m’agace au plus haut point. Je préfère rompre toute relation avec les Chandoyseau !

— Ce n’est pas moi qui vous ai poussé à les connaître, mon ami.

— Eh ! pouvais-je prévoir la chute de cette jeune fille au milieu de nous ? Ah ! tenez ! je fais le serment de ne plus nouer de relations avec aucune famille, avant d’avoir posé les questions suivantes : Avez-vous une ou plusieurs fille, sœur, cousine, amie ou connaissance à quelque degré célibataire et ayant atteint l’âge nubile ou sur le point d’y parvenir ? — Non. — N’avez-vous en aucune de vos entournures ni veuve, ni divorcée ? N’avez-vous personne qui soit en instance de divorce, voire même de séparation de corps ? — Non. — Eh bien ! topez là, je suis des vôtres…