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MADEMOISELLE CLOQUE

que ! Mme Bézu vous lâchera quand elle le croira de son intérêt.

— Mon Dieu ! qu’est-ce que vous me dites là ? Ces dames avaient tourné dans la rue Descartes, et, frôlant les murs du couvent, elles passaient en face de la chapelle de Saint-Martin. Mlle Cloque saisit le bras de Mme Pigeonneau-Exelcis :

— Qu’est-ce que je vois ? dit-elle. Ah çà ! est-ce que j’ai de bons yeux ? Voilà Mlles Jouffroy qui sont au guichet du Frère Gédéon !…

— Ah ! s’écria Mme Pigeonneau, si vous voulez être édifiée du côté du Frère Gédéon, sachez qu’il nous fait depuis quelques jours une concurrence ouverte : nous n’avons pas un objet au magasin qui ne soit aujourd’hui dans sa boutique !… Oui, Mademoiselle, vous n’avez qu’à y aller voir. Il a toute la série des paroissiens, des Imitations, des Journées du Chrétien, des livres de première communion !… J’y ai envoyé hier quelqu’un, en cachette, demander un tome d’Henri Lasserre et les lettres d’Ozanam ; on me les a apportés immédiatement ! Vous verrez qu’il vendra des romans !…

— Oh !… madame Pigeonneau !

Une voix bien connue les appela, à une dizaine de pas en arrière :

— Ne courez donc pas si fort, mesdames !…

C’était M. Houblon qui avait été prendre ses quatre filles à la chapelle de l’Adoration. Ces demoiselles, de dix-huit à vingt-trois ans, toutes