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MADEMOISELLE CLOQUE

teaux des environs. Du temps de Mlle Cloque, il y avait à Tours beaucoup d’Anglais venus — cela est obligatoire à dire — « tant pour jouir de l’heureux climat du Jardin de la France, que pour y prendre le langage le plus pur », et l’on rencontrait fréquemment sur les trottoirs de la rue Royale, de blonds jeunes gens au visage rasé, au teint généreux, au pas démesurément long, et tenant à la main les accessoires du tennis. De quatre à cinq, avant le départ des trains, l’animation atteignait son comble, surtout le samedi, et notamment autour de chez Roche le célèbre confiseur.

L’hôtel du Faisan, un des plus importants, était situé rue Royale, et précisément dans le voisinage de Roche et du dentiste Mönick dont la gloire était alors presque européenne.

Mlle Cloque en s’acheminant vers le Faisan, ne manqua pas de jeter un petit coup d’œil aux pâtisseries destinées à être enlevées en un tour de main par les pensionnaires de Marmoutier. Elle rencontra à travers les glaces, le regard à la fois amical et hautain, réservé et serviable, prometteur et sucré de Mlle Zélie, préposée depuis trente ans au maintien de la qualité traditionnelle des babas. Elle lui répondit d’un signe de tête : « À tout à l’heure ! »

Pendant les vacances de Geneviève, on venait là souvent, l’après-midi, et l’on était toujours sûre d’y rencontrer quelques figures amies.