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MADEMOISELLE CLOQUE

— Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? interrogent les parents.

Et l’on se tourne vers Léopoldine qui, dès le premier abord avait attiré tous les regards par un corsage et un chapeau d’une recherche qui contrastait outrageusement avec le costume d’uniforme de toutes ces demoiselles. Mlles Jouffroy et leur jeune parente étaient allées se réfugier dans un coin de la cour de l’hôtel, entre des lauriers en caisse, les deux vieilles filles complètement hébétées de la note discordante de cette toilette et des clignements d’yeux et des commentaires qu’elle provoquait.

— Figure toi, tante, dit Geneviève à Mlle Cloque, nous n’avions pas passé la porte du couvent que la voilà qui se met à ouvrir un grand carton à chapeau qu’elle tenait sur ses genoux, et à tirer de là-dedans un corsage jaune et un chapeau ! Avec elle, il faut toujours s’attendre à des choses extraordinaires ; mais, tu sais, on n’aurait pas tout de même cru ça ! La sœur qui était près de la portière, c’est à-dire à l’autre bout, et qui ne perdait pas Léopoldine des yeux, car il avait même été question de l’envoyer toute seule à part, et c’est pour ne pas trop l’humilier qu’on ne l’a pas fait — on a eu bien tort ; — où est-ce que j’en étais ? ah ! eh bien ! la sœur lui dit : « Mademoiselle, vous regarderez dans votre carton à chapeau quand vous serez arrivée. Jusque-là, tenez-vous comme tout le monde… » Si tu avais vu