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MADEMOISELLE CLOQUE

nous apprécier. En nous demandant d’unir notre sort au leur, ils y trouvent quelquefois leur compte…

Mlle Cloque était retombée dans son fauteuil. Geneviève était venue s’asseoir auprès d’elle, les coudes sur le bras du vieux siège de cretonne, et se tamponnant des deux mains les yeux avec son mouchoir.

— On étouffe… dit la tante. Elle rouvrit la fenêtre.

En face, à travers le magnolia, Loupaing était toujours là qui regardait. Geneviève surprit la douleur et le dégoût qu’éprouvait la malheureuse à ce perpétuel espionnage. Elle connaissait les doux projets de retraite de sa tante, aussitôt le mariage accompli. Et, une idée imprévue, un argument suprême, lui monta, du fond de sa nature de femme. Elle dit avec un gros soupir :

— Alors tante, te revoilà encore pour longtemps avec ce vis-à-vis-là ?… puisqu’il n’y aura rien de changé…

Mlle Cloque leva les yeux sur elle. Elle comprit tout à coup l’inanité des raisonnements auxquels elle avait recours pour convaincre cette petite fille qui aimait. Au moment où elle la croyait rendue, voilà qu’un sourd instinct de finesse féminine s’éveillait en elle et qu’elle essayait de tenter la pauvre vieille dans son goût d’un entourage pieux et tranquille,