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MADEMOISELLE CLOQUE

Elle faisait signe : « Je ne sais pas ! je ne sais pas ! » et elle mordait, mangeait son mouchoir pour ne pas crier.

À un mouvement que fit Mlle Cloque pour refermer la fenêtre, Geneviève ouvrant les yeux, lui vit une figure si désespérée que ces mots lui sortirent du cœur avant même qu’elle eût voulu les prononcer :

— Tante, je ferai ce que tu voudras !

— Tu me promets d’être raisonnable ?

— Je te le promets.

Mlle Cloque était résolue à ne pas laisser traîner les choses. Sa décision de rompre était irrévocable et elle voulait éviter le retour de scènes aussi pénibles. Elle redressa doucement Geneviève, la mit debout, l’embrassa. Puis elle alla prendre dans le buvard qui était sur la table du milieu une lettre déjà sous enveloppe et à laquelle il ne manquait plus que de mettre le nom et l’adresse.

— Mon enfant, dit-elle, je n’ai pas voulu agir d’une manière définitive avant de te prévenir ; mais puisque tu m’as promis d’être raisonnable, je suis d’avis qu’il ne faut pas remettre à demain ce que nous devons faire aujourd’hui. Voilà une lettre que j’adresse à M. le comte… Tu peux la lire. Nous n’avons pas à le dégager d’une parole qui n’a pas encore été prononcée officiellement : je le prie seulement de ne pas donner suite « à un projet qui nous avait souri, mais que Dieu n’eût