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MARCHE LENTE

vois plus, s’est chargé de me rapporter leurs insistances. Ils ont été vexés de voir une malheureuse comme moi, abandonnée de tous, faire fi de leurs gracieusetés. Ce n’est pas à nous qu’ils tiennent aujourd’hui, c’est à repriser l’accroc de leur amour-propre. Peut-être aimeraient-ils un retour de ma part pour se donner l’agrément de le repousser ? Je reconnais que tout ce qui était humainement possible pour me faire revenir sur ma décision, ils l’ont fait… sauf une chose : c’est de changer leur opinion et leur manière de vivre.

Le nouveau chanoine éprouvait de la timidité à défendre l’opinion des Grenaille-Montcontour à laquelle il avait fait grise mine jusqu’à présent.

— Leur… manière de vivre, dit-il ? leur manière de vivre peut se modifier…

Mlle Cloque le regarda d’un air incrédule.

— Sans doute, continua l’abbé. Ne disait-on pas que cette famille alliée… la famille Niort-Caen, pour tout dire, était grandement responsable du ton qui règne chez eux ?…

— Eh bien ! cette famille, elle n’est pas morte, que je sache ?…

— Non, mais on parle… vous ne l’avez donc pas entendu dire ?… on parle… d’un… divorce !…

La sainte fille sauta de son fauteuil :

— Un divorce ! s’écria-t-elle, et c’est ce scandale que vous venez me proposer pour m’attendrir ! monsieur l’abbé, voyons ! vous n’y pensez pas ! Comment ! c’est vous qui me dites cela ?