Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
LA MAISON DE LA RUE DE LA BOURDE

— Leur projet, à qui ?

— Le projet à qui ? mais le projet du conseil municipal parbleu ! le projet des architectes diocésains qui sont tous des libres-penseurs, à ce qu’on dit, enfin le projet de tous les ennemis de l’Église, quoi ! C’est une indignité !

— C’est-il bien possible ! Et qu’est-ce qu’ils veulent faire comme ça ?

— Mais leur église bâtarde, une église de quatre sous, une baraque informe qui sera une humiliation pour les fidèles en même temps qu’une victoire pour toute la franc-maçonnerie !… Vous comprenez bien que ces gens-là périraient de dépit si nous relevions la grande Basilique ! Ha ! ha ! cela les gênerait ce monument qui doit englober tout un quartier et qui serait plus grand que la cathédrale ! Vous connaissez les deux tours, la tour de l’Horloge et la tour Charlemagne, n’est-ce pas ? Eh bien, ces tours forment les deux angles de la grande construction qu’on projette : on bâtirait deux autres tours pareilles, aux deux autres coins, le tout réuni par un bâtiment à cinq nefs, gigantesque !…

— Eh ! là là, mon Dieu ! faut-il ! Et pourquoi faire mettre tant d’argent ?

— Comment ! pourquoi faire ? Mais voulez-vous me dire pourquoi nos vieux pères ont construit les cathédrales ? C’est parce qu’ils pensaient que rien n’était trop beau pour le bon