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MADEMOISELLE CLOQUE

— Lève-toi donc ! lève-toi donc un peu pour dire bonjour !

Mais Loupaing était assis là comme au conseil municipal ; il se carrait, s’élargissait, se faisait, sur sa chaise, plus pesant que nature. Il avait le teint allumé ; il était rasé de frais, ce qui dessinait nettement la ligne tombante des moustaches qu’il allongeait par un emprunt sur les deux joues, pour se donner, disait-il, l’air d’un tribun. Il était en gilet, et sa chemise mal boutonnée et souillée de larmes de boisson violâtres, laissait entrevoir la flanelle rouge.

Mlle Cloque tira d’une enveloppe qu’elle tenait à la main, un billet de banque. Elle le déposa sur la table et laissa tomber par-dessus, en les comptant, des pièces d’or :

— Je viens m’acquitter de ma petite dette. Si vous avez eu l’obligeance de me préparer ma quittance…

Loupaing frappa un nouveau coup sur la table, qui fit sauter les trois louis :

— Nom de D !… dit-il, c’est pas tout ça !… Je ne refuse pas votre argent, mais je suis un homme de cœur et qui est sensible au sentiment : sacré mille millions de nom d’un nom ! faut-il que je vous apprenne que je suis nommé du conseil municipal ?

— Je le sais, dit Mlle Cloque. Je pense que cela peut vous être utile ainsi qu’à votre famille, et j’en suis heureuse pour elle et pour vous. Mais,