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RÉUNION DE « ZÉLATRICES »

précisément dans la dévotion, et qui veut du bien à son prochain. »

Elle affirma à Geneviève et elle se déclara très sincèrement à elle-même qu’il ne fallait tenir aucun compte de tel avis. Elle chiffonna la lettre et la jeta au feu avec dégoût. Mais, de la nuit, elle ne ferma l’œil.

— Si tu veux venir avec moi, dit-elle, le lendemain, à sa nièce, tu verras par toi-même le cas qu’il faut faire de ces sortes de paperasses.

Vers trois heures de l’après-midi, elles sortirent par un temps gris et désolé de novembre. Mlle Cloque portait à la main son sac à ouvrage ainsi qu’une petite chaufferette à braise chimique, en cuivre, dont les dimensions dépassaient à peine celle d’un gros paroissien.

Geneviève promenait à côté de sa tante une figure résignée. Elle l’accompagnait dans toutes ses courses et semblait partager l’agitation que causait à la vieille fille l’approche des élections à la présidence de l’Ouvroir et de la fête de Saint-Martin.

Elle ne donnait aucun signe d’émotion secrète. Elle montrait moins d’entrain que du temps qu’elle était au couvent : mais elle avait dix-huit ans sonnés, ce n’était plus une enfant. Elle n’était pas gaie : mon Dieu, cela pouvait s’expliquer par le manque de jeunesse autour d’elle. Enfin, si elle avait moins bonne mine qu’autre-