Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
266
MADEMOISELLE CLOQUE

d’espérances. Elle n’exigeait pas que ce mot fût logique ou reposât sur des promesses solides et fécondes, mais bien qu’il fût un mot. Quand il n’eût valu qu’à adoucir cette fin d’entretien un peu rude ; quand il eût été presque clairement mensonger ; quand il n’eût été que gonflé de vent comme une bulle de savon éphémère mais qui monte et brille au soleil, elle eût été heureuse.

La terrible et magnifique magie verbale s’imposait à cette vieille imagination latine en détresse. Et, en couvrant une à une, de ses bottines de satin humides, les fleurs inscrites dans les losanges du tapis de Niort-Caen, elle pensait à cet autre homme qui l’avait jadis reconduite aussi, avec une certaine froideur, à la porte de sa maison, mais qui avait su déposer en elle des paroles dont elle avait vécu.

Niort-Caen n’eut pas l’idée de prononcer un mot. Il la salua.

Un domestique se présenta aussitôt pour l’accompagner à sa voiture. Elle aperçut un brillant couvert mis dans la salle à manger. Comme elle posait le pied sur la première marche de l’escalier descendant à la marquise, elle entendit une porte s’entr’ouvrir avec précaution, et il lui sembla, sans que ses yeux lui permissent de distinguer bien, que quelqu’un la regardait par l’entre-bâillement.

— Voyons ! Léopoldine ! lança de l’intérieur une voix qu’elle reconnut. C’était celle de Mlle Jouffroy, la cadette.