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LES DEUX BLESSÉES

ment remplacé » disait le premier organe, « par le magnifique temple nouveau élevé au grand Thaumaturge des Gaules, grâce au touchant accord des fidèles » ; « pour céder, disait l’adversaire, à la tyrannie occulte des franc-maçons et des juifs, dont les mains unies à la même truelle imposaient désormais jusques aux sols sacrés leurs humiliantes architectures ».

M. Houblon avait lancé dix mille convocations à tous les cercles catholiques, à toutes les associations de bienfaisance, à tous les membres de la société de Saint-Vincent de Paul, de la Confrérie du Tiers-Ordre de Saint-François, etc., etc. Il assistait à l’arrivée des trains de pèlerins, en compagnie de « commissaires » choisis parmi les jeunes gens des meilleures familles, et portant à la boutonnière un insigne bleu céleste, frangé d’or, de la longueur de la main. Ces messieurs distribuaient aux pèlerins d’autres insignes, acceptés volontiers, prêtant à confusion : « Vive saint Martin ! » y lisait-on en caractères argentés. N’était-ce pas la dévotion à saint Martin qui amenait effectivement tous ces étrangers ?

M. Houblon avait eu des minutes de triomphe en conduisant par les boulevards cette foule docile que son aspect honnête et sa parole ardente échauffait le long du chemin. Il lui faisait crier : « Vive saint Martin ! » Et elle criait. Les personnes de la ville, croyant à une opposi-