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MADEMOISELLE CLOQUE

tion, des répugnances aussi puériles. Rien n’y fit. On crut tout perdu.

Elle ne concevait pas qu’on épousât un homme qui s’appelait Jules Giraud. D’abord ce prénom de Jules lui avait toujours porté sur les nerfs ; c’était un nom absurde, tout à fait idiot.

Elle était prête à passer sur bien des choses désagréables : qu’elle habitât un « trou », elle s’en moquait pas mal ; que son mari fût notaire ou épicier, c’était bien le cadet de ses soucis ; mais de crier le nom de Jules du haut en bas de l’escalier, ou dans un jardin, lui semblait au-dessus de ses forces. « Giraud, » çà, autant n’en pas parler, c’était franchement commun, c’était le plus plat des noms. Mais elle reconnaissait qu’elle n’était elle-même qu’une pauvre petite bourgeoise au nom très médiocre, presque drôle, et qui faisait rire, au couvent, les premières années ; cela n’était rien. Ce qui importait c’était le nom qui doit être inséparable de toutes les expressions de tendresse, sans lesquelles elle n’imaginait pas le mariage.

Le marquis lui vantait « Jules » César. Elle répondait en objectant : « Jules » Grévy, « Jules » Ferry.

— Le fait est… disait Mlle Cloque, qui avait ces hommes en horreur.

À cause de ces deux personnages, peu s’en fallut qu’elle ne fût de l’avis de sa nièce.

Tout d’un coup, Geneviève se décida, comme