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LE PETIT BONHEUR

acheteurs de passage, il perdait ses aises et ses moyens ; ses madrigaux sentaient le rance, et il avait des rivaux parmi les jeunes gens de la ville.

— Vous vous moquiez de nos tourments, lui disait Mlle Cloque, vous posiez au bel indépendant ! Ta ! ta ! ta ! mon bon ami, tout se tient ; et vous êtes, comme nous, une victime des affaires de Saint-Martin.

Il venait de sortir au moment même où Mlle Cloque et sa nièce entraient à la librairie. Il avait attendu longtemps et, précisément, dans l’espoir de voir ces dames. Il devait être allé manger un baba chez Roche.

— Allons-y ! dit Geneviève.

La tante hésitait.

— De quoi as-tu donc peur ? Viens donc ! Tu sais, mon déjeuner est déjà loin : le dentiste, ça creuse…

Et Mlle Cloque se laissait entraîner par cette impitoyable jeunesse, quoiqu’elle redoutât, d’instinct, cette rue Nationale, dans la mesure même où Geneviève paraissait s’y plaire.

— Je ne comprends pas, disait-elle à la jeune femme, que tu n’aies pas la curiosité de connaître leur nouvelle église.

L’après-midi s’acheva tranquillement chez Roche, en compagnie du marquis et de Mlle Zélie ; et il ne se passa rien de remarquable. On vit une des demoiselles Houblon qui marchait à grandes enjambées sur le trottoir, avec un pauvre