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MADEMOISELLE CLOQUE

véhicule on entendait le chien aplati sur l’avant, qui grognait ; il semblait tenir entre les mâchoires un joujou à engrenage, longuement remonté et dont les roues dentées se froissaient avec un bruit de râpe. Puis le ressort se brisait d’un coup net : « ouap ! » au passage de Giraud et de Geneviève.

Et, presque tous les soirs, avant de toucher les premières maisons du village, le notaire disait :

— Mais, m’aimes-tu un peu ?

— Cette question ! Est-ce que je ne suis pas ta femme ? Est-ce que tu as à te plaindre de moi ?

— Oh ! non ! bien sûr que non !

Il ajoutait :

— Je suis trop heureux… Je ne méritais pas de t’avoir… Je n’avais jamais espéré une femme comme toi.

Quelquefois, quand Geneviève voyait une grosse larme dégringoler jusqu’aux quatre brins de moustache de son mari comme pour affirmer la sincérité de ses paroles, elle l’embrassait de bon cœur.

Ce fut la vieille tante, qui, enfin, se plaignit de ce qu’on ne vînt plus la voir. Geneviève exigea que son mari l’accompagnât à Tours. Et, cette fois-ci, on alla chez le dentiste, tous les trois, après le déjeuner.

Le lieutenant était au café de la Ville. Geneviève passa, sans tourner la tête, toute fière et très solide, entre ses deux chaperons. Il l’avait