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LES COMBINAISONS DE LA PROVIDENCE

vue, avec sa tante et son mari ; elle en était certaine. Elle se félicitait, intimement, comme si elle eût remporté une grande victoire sur elle-même. Au premier abord, elle ne s’était pas étonnée que Marie-Joseph fût encore là, peut-être à l’attendre, à l’heure où il l’avait déjà rencontrée le samedi. En y réfléchissant, elle se dit : « Il faut qu’il en ait une patience !… » Elle se demanda s’il l’attendait tous les jours. « Oh ! non ! il ne vient que le samedi. » Elle compta les samedis qu’il avait dû l’attendre, depuis celui où il l’avait abordée, où il avait eu le toupet de la suivre dans l’escalier, où il lui avait dit — elle entendait sa voix, elle voyait le bout de soleil doré qui tremblait sur la moustache ondulée : « Je… Je vous aime toujours ! »

Le notaire observa que, puisque Mlle Cloque restait avec Geneviève, il pouvait bien aller chez son avoué.

— Non ! non ! dit vivement Geneviève, ne t’en va pas !

— Quelle idée ! tu n’es pas perdue, je suppose ?

— Ne vous plaignez donc pas, dit Mlle Cloque, d’avoir une femme qui ne veut pas se séparer de son mari. C’est sans doute pour cela que je ne la vois plus, moi… Quand on pense qu’il y a six semaines que nous n’avons causé !…

— Pauvre chère tante, dit Geneviève.

Afin de pouvoir causer à l’aise, elle permit à