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LES COMBINAISONS DE LA PROVIDENCE

tiquer son divin précepte : aimez-vous les uns les autres…

Les deux sœurs étaient en ébullition. L’aînée, sans délier ses mains unies à rebours par l’indignation, sautillait sur place en branlant la tête. La cadette se démenait, courait jusqu’à son récent poste d’observation, revenait précipitamment regarder sous le nez l’infortunée messagère de paix. Elle dit, semblant cracher chacun de ses mots :

— Mais, Mademoiselle Cloque, vous exercez là un métier qui n’a guère de nom !…

— Un métier ? dit Mlle Cloque.

Mlle Zélie jetait déjà le bras sur ces demoiselles, comme pour apaiser un incendie qui se déclare.

— Il est vrai, reprit Hortense, qu’on vous le fait peut-être exercer sans que vous vous en doutiez !…

Mlle Cloque les regardait tour à tour et levait les yeux au ciel. Elle ne comprenait rien.

— Vous croyez peut-être que nous sommes ici, en face de votre dentiste, pour notre bon plaisir ? Savez-vous pourquoi nous sommes ici, ma sœur et moi ? Nous sommes ici pour chercher le secret du malheur de notre nièce…

— Du malheur de votre nièce ?…

— Oh ! vous faites l’ignorante ! Vous n’avez jamais rien su de ce qui se passe ! c’est comme pour l’affaire Pelet !… Il est vrai, encore, que l’on ne vous raconte sans doute pas tous ses petits secrets…