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MADEMOISELLE CLOQUE

Les deux sœurs se trémoussèrent devant les glaces, cherchant à découvrir le lieutenant. Assurément il attendait la jeune femme au passage ; il était dissimulé quelque part ; à moins qu’il n’eût eu le front de pénétrer comme l’autre fois dans le couloir. Il ne serait pas mauvais qu’il se trouvât nez à nez avec la vieille !

Mlle Cloque remontait tranquillement chez le dentiste. Elle avait essuyé tant d’ignominies, ces dernières années, que l’abominable calomnie des Jouffroy ne lui laissait que le désir d’en laver immédiatement sa chère Geneviève : « Mon Dieu ! disait-elle, en atteignant le palier du second étage, devant la plaque de cuivre où était gravé : « Entrez sans sonner », mon Dieu ! je suis sûre que vous ne permettez les méchancetés des hommes que pour donner plus d’éclat à la vérité et à la justice !… »

Elle poussa la porte du salon, au moment où Marie-Joseph saisissait la main de Geneviève.

Elle tomba, tout d’une pièce, en travers de la porte incomplètement ouverte ; on entendit très bien sa tête cogner contre la porte d’abord, puis faire blou en touchant le sol. Elle ne bougea plus.

Geneviève eut la force de contenir son cri, pour ne pas perdre Marie-Joseph. Elle lui dit :

— Fuyez ! fuyez ! Que personne ne vous voie ici ! Fuyez, je vais appeler…

Il enjamba le corps de la malheureuse, et