Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/394

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
387
LES COMBINAISONS DE LA PROVIDENCE

Geneviève appela. Stanislas arriva, sans trop se presser. Mais à la vue d’une femme étendue, il activa son pas pesant, et comme il courait sur le parquet, les bobèches tremblèrent aux chandeliers de la cheminée. D’un bras solide, il remit la vieille fille debout. Elle n’était pas morte ; elle balbutiait. Elle avait une figure terreuse ; le sourcil gauche, et l’œil, du même côté, étaient fortement relevés, tandis que le coin de la bouche s’affaissait, comme si son visage si régulier et si uni, en tombant, se fût cassé en plusieurs morceaux. Quand elle ouvrit l’œil droit et qu’une lumière encore parut sur ce beau masque d’honneur brisé, ce fut une épouvante, et Geneviève faiblit.

En revenant à elle, après une courte absence, elle distingua sa tante allongée sur le canapé, et auprès d’elle la personne que l’on avait vue d’abord regarder les images et qui avait paru si longtemps pousser sous la morsure de la lime ses petites plaintes inarticulées.

Le dentiste préparait lui-même des révulsifs, et il avait envoyé la bonne chercher un médecin, un fiacre, des hommes pour transporter la malade. Geneviève, folle, se jetait aux pieds du dentiste et de la dame et les suppliait de lui dire ce qu’avait sa tante et si elle allait garder cette figure effrayante. Elle surprit sur les lèvres du dentiste le mot d’hémiplégie, puis le salon s’emplit promptement de personnes de la maison préve-