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LA CHAPELLE PROVISOIRE

d’appui essentiel : les capitaux disponibles ».

Personne ne broncha. Autour de cette parole glaciale l’air lui-même se figeait Les assistants se pétrifiaient. Par tant de flegme et d’audace ils semblaient anéantis. M. Janvier en qualité de vicaire général était le porte-parole de l’archevêché. Ce que l’on annonçait là, c’était l’irrévocable. Demain, probablement, les ouvriers entoureraient déjà cette chapelle noble et belle dans sa pauvreté toute nue, pour la remplacer par l’odieuse construction moderne dont le dessin et la plate silhouette étaient en ce moment si distinctement évoqués par les plates expressions de M. Janvier.

Peu à peu, une sorte de dégel se produisant à la suite de la première surprise, des têtes se tournèrent, on échangea des regards significatifs, une houle passa sur les épaules. Le respect du saint lieu interdisait toute manifestation. Pas un fidèle ne sortit. Mais on sentait comme à certains jours, sous la surface terne de la mer, la lame profonde, plus dangereuse que la tempête.

Quand la vingtième minute fut écoulée, M. l’abbé Janvier avait achevé de décrire jusqu’à la pointe du clocher futur et de prouver la possibilité matérielle de son exécution. Alors, comme un maçon parvenu au faîte de son ouvrage y plante un petit drapeau, il dit un mot qui, d’un seul coup, parut résumer toutes ses réticences et faire claquer son pli impertinent sur les creuses