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MADEMOISELLE CLOQUE

cause du retard de la messe de ce matin…

— Ah ! la messe a été en retard ?

Et la bonne sœur répéta ce qu’elle avait dit un instant auparavant et qu’on n’avait point écouté. Puis, pour réveiller tout à fait Mlle Cloque, elle la taquina sur un sujet passé à l’état d’habitude :

— Vous voyez bien, Mademoiselle, si votre nièce était en pension ici, elle serait venue vous embrasser, et c’est ça qui vous aurait ragaillardie !…

— Mais non, dit en souriant la malade, puisque c’est l’heure de l’instruction religieuse…

— C’est vrai ! c’est vrai ! Ah ! mademoiselle Cloque a réponse à tout.

Et ce sujet était plein d’amertume pour la vieille tante de Geneviève. Car elle l’avait mise au Sacré-Cœur parce que l’on ne cite rien de mieux que le Sacré-Cœur pour l’éducation d’une jeune fille. Elle allait toujours aux extrêmes, en toutes choses. Et que de mérite elle avait à cela ! Car on ne cite rien non plus de plus coûteux que l’éducation au Sacré-Cœur. Le couvent de l’Adoration perpétuelle eût été beaucoup plus à la portée de ses ressources. Mais le moyen de marier brillamment une jeune fille élevée côte à côte avec la petite Pigeonneau, fille du libraire ?

— Ma bonne amie, firent Mlles Jouffroy, vous déjeunerez avec nous. Nous ne vous laisserons pas vous en aller chez vous après cette faiblesse…