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MADEMOISELLE CLOQUE

songe donc, mon enfant, que ce jeune homme n’est même pas encore ton fiancé ; il n’a pas été autorisé à t’offrir une fleur ; vous n’avez rien échangé ?…

— Oh ! si ! s’écria Geneviève.

— Quoi donc, quoi donc ? Voyons ! Il t’a parlé ; il t’a dit quelque chose ?

— Oh ! oui.

Geneviève confuse jeta sa jolie tête sur l’épaule de sa tante, et ses yeux se mouillèrent sans qu’elle pût parler.

— Il t’a dit ?… il t’a dit ?… Allons, ma chère petite enfant, il t’a dit quoi ?… il t’a dit qu’il… t’aimait ?

Geneviève toute troublée fit signe que oui, puis elle releva la tête en regardant sa tante de ces yeux célestes qu’a la jeune fille qui atteint l’âge de l’amour en étant demeurée complètement pure.

La bonne tante en frissonna de la tête aux pieds. Les larmes lui montèrent à elle-même en face de tant de candeur et d’une foi si touchante. Elle eut froid à la pensée de ce qui arriverait si un cœur aussi honnête était trahi. Et comme elle était justement venue pour préparer l’enfant à cette perspective, elle se sentit accablée. Elle attira la jeune fille et l’embrassa.

Deux gamines de quatorze ans qui venaient de reconduire leurs parents jusqu’à la porte du salon, arrivaient en faisant de gros yeux et bavar-