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MADEMOISELLE CLOQUE

Le marquis était tout petit vis-à-vis de M. Houblon. Il avait la figure rasée, mobile, expressive ; il faisait peu de gestes, parlait sans passion et n’élevait presque pas la voix. Il semblait que son adversaire, pareil à un don Quichotte et qui ne remuait pas un membre sans avoir l’air d’agiter des ailes de moulin à vent, l’assommât.

— Permettez ! insista M. d’Aubrebie : c’est entre chrétiens que vous rêvez de vous exterminer, et mon modeste rôle ne saurait consister qu’à marquer les points. Puis-je, en simple curieux, vous interroger sur les forces respectives des deux camps ?

— Peu importe ! dit M. Houblon ; nous combattons pour la justice : Dieu et saint Martin sont avec nous !…

— Seront-ils contre l’archevêque ?

Le débat allait s’échauffant et pouvait donner de l’inquiétude lorsqu’entrèrent Mlles Jouffroy qui s’étaient attardées à converser avec le Frère bleu. Les premiers mots qu’elles prononcèrent causèrent un si grand étonnement que le ton de la discussion devenue générale baissa d’un coup.

Elles apportaient un air résigné qui contrastait singulièrement avec leur attitude provocante de la veille.

— Après tout… dirent-elles, et sur le ton particulier qui promet toutes les concessions.

— Comment ! « après tout » ? leur fut-il vertement répliqué. Il n’y a pas d’« après tout ! »