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LA LIBRAIRIE PIGEONNEAU-EXELCIS

travail, vous comprenez, on ne peut pas refuser…

Et, comme ce petit incident était suivi d’un silence, Mme Pigeonneau ajouta ingénument :

— Encore, pour les branches de laurier, leur avons-nous mis celles qui nous servent pour les Révérends Pères Jésuites…

Mme Pigeonneau ! s’écria le marquis, après cette réflexion charmante, vous êtes adorable et Pigeonneau est le plus heureux des hommes.

Cela fit rougir encore Mme Pigeonneau toute courbée sur le pupitre de la caisse, au point qu’on ne voyait d’elle que ses beaux cheveux, le bout de son nez, et sa gorge bien serrée qui caressait les feuilles commerciales. Mais le libraire n’entendant point les allusions spirituelles, rentra à la reliure sans faire attention à ce que l’on disait, et rassuré quant à lui, du moment qu’on ne se battait pas.

— Prenez garde, ma belle petite, reprit Mme Bézu, c’est par des inconséquences de cette sorte que l’on perd sa maison. On ne peut pas servir à la fois Dieu et le diable, fût-on aidée dans cette besogne par tous les beaux esprits de la ville.

Le marquis répondit d’un sourire gracieux à l’inclinaison de tête qui avait accompagné ce trait à son adresse.

— Les affaires sont les affaires, hasarda quelqu’un.

— Hélas ! Madame, on ne le voit que trop !