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MADEMOISELLE CLOQUE

un adversaire armé jusqu’aux dents. Il n’était plus question que de la Basilique ou du Chalet républicain.

Mlle Cloque comptait déjà plus de dix familles qui ne la voyaient plus. Du côté des fournisseurs, elle avait elle-même brisé non seulement avec le grand magasin de blanc du franc-maçon Rocher, mais avec son charcutier et son marchand de comestibles qui avaient commis l’imprudence d’avouer leur sympathie au projet de l’église moyenne. Par contre, la petite épicerie Duvignaud située fort loin et affichant les principes les plus ultramontains, était en train de s’attirer la clientèle de tous les partisans de la Basilique.

Mlle Cloque avait retourné son fauteuil pour ne pas voir Loupaing. Elle s’agitait, réfléchissait, implorait Dieu. Ses lunettes étaient relevées sur son front ; ses deux mains étaient jointes, les doigts croisés, sauf les deux index tout droit tendus, appliqués en forme de compas, et dont elle se fourrageait les lèvres en gardant des yeux fixes.

— Eh bien ! criait Mariette dans l’escalier, faudra donc que je vous appelle aujourd’hui pour déjeuner ?

— J’y vais, ma fille, j’y vais. Est-ce que vos pauvres sont venus ?

— Il n’y a que la Pelet qui est encore en retard, je lui ai pourtant dit, la dernière fois.