Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/118

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fait icy tout, & eſt à vray dire comme le principal Dieu des Hurons. Au reſte qu’on ne penſe pas que ie face icy vne amplification ou exaggeration à plaiſir, l’experience de cinq ans qu’il y a que ie ſuis à eſtudier les mœurs & les façons de faire de nos Sauuages, m’obligent de parler de la ſorte.

Il eſt vray que tous les ſonges ne ſont pas dans ce credit, on a égard aux perſonnes, & il y en a tel qui aura beau ſonger, pas vn ne s’en remuera pour cela ; de meſme ſi c’eſt vn pauure, ſes ſonges ſont en fort peu de conſideration : il faut que ce ſoit vne perſonne aſſez accommodée, & dont les ſonges ſe ſoient trouuez pluſieurs fois veritables : & encor ceux qui ont le don de bien reuer n’écoutent pas tous leurs ſonges indifferemment ; ils en recognoiſſent de faux & de veritables ; & ceux-cy, diſent-ils, ſont aſſez rares. Toutefois dans la pratique ils agiſſent d’vue autre façon, & en executent de ſi mal fagotez, & compoſez de tant de pieces qui ont ſi peu de rapport, qu’il ne me ſeroit pas poſſible de dire quels ſont à leur iugement les faux ſonges, ou les veritables ; ie penſe qu’eux