Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/157

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fournir les preſens que requierent les conuentions faites entre eux ; ils prennent ce refus pour vn acte d’hoſtilité, & tout le païs meſme eſpouſe cette querelle : ſur tout les parens du mort s’eſtiment obligez par honneur de s’en reſſentir, & font vne leuée pour leur courir ſus. Ie ne parle point de la conduite qu’ils tiennent en leurs guerres, & de leur diſcipline militaire, cela vient mieux à Monſieur de Champlain qui s’y eſt trouué en perſonne, & y a commandé ; auſſi en a-t-il parlé amplement, & fort pertinemment, comme de tout ce qui regarde les mœurs de ces Nations barbares. Ie diray ſeulement, que ſi Dieu leur faiſoit la grace d’embraſſer la Foy, ie trouuerois à reformer en quelques vnes de leurs procedures ; car premierement il y en a tel qui leuera vne trouppe de ieunes gens deliberez pluſtoſt, ce ſemble, pour venger vne querelle particuliere, & la mort d’vn amy, que pour l’honneur & la conſeruatiõ de la Patrie : & puis quand ils peuuẽt tenir quelques-vns de leurs ennemis ils les traittent auec toute la cruauté qu’ils ſe peuuent imaginer : les cinq & ſix iours ſe paſſeront quelquefois à aſſouuir leur rage, & les bruler à pe-