Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/162

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les affaires particulieres des Villages, que de tout le Pays, qui ſont les plus grands en merites & en eſprit. Leurs parens ſont cõme autant de Lieutenans & de Conſeillers.

Ils arriuent à ce degré d’honneur, partie par ſucceſſion, partie par élection, leurs enfans ne leur ſuccedent pas d’ordinaire, mais bien leurs neueux & petits fils. Et ceux cy encor ne viennent pas à la ſucceſſion de ces petites Royautez, comme les Dauphins en France, ou les enfans en l’heritage de leurs peres ; mais en tant qu’ils ont les qualitez conuenables, & qu’ils les acceptent, & ſont acceptez de tout le Pays. Il s’en trouue qui refuſent ces honneurs, tant parce qu’ils n’ont pas le diſcours en main, ny aſſez de retenue ny de patience, que pource qu’ils ayment le repos ; car ces charges ſont pluſtoſt de ſeruitudes, qu’autre choſe. Il faut qu’vn Capitaine faſſe eſtat d’eſtre quaſi touiours en campagne : ſi on tient Conſeil à cinq ou ſix lieuës pour les affaires de tout le Pays, Hyuer ou Eſté en quelque ſaiſon que ce ſoit il faut marcher : s’il ſe fait vne Aſſemblée dans le Village, c’eſt en la Cabane du Capitaine : s’il y a quelque choſe à publier, c’eſt à luy à le faire ; & puis le peu d’authorité qu’il a d’ordinaire ſur ſes ſuiets, n’eſt pas