Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/217

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uoit eſré enterré à la Rochelle ; mais que pour le corps d’Eſtienne Bruſlé il luy appartenoit, que c’eiloit luy qui l’auoit embarqué & emmené en ce Païs : ainſi voila les corps diuiſez l’vn d’vn coſté, l’autre de l’autre. La deſſus quelqu’vn dit ſous main, qu’en effet il auoit droit de demander le corps d’Eſtienne Bruſlé, & qu’il eſtoit bien raiſonnable qu’ils rendiſſent quelque honneur à ſes os, puisqu’ils l’auoient tué. Cecy ne ſe peût dire ſi ſecrettement, que ce Capitaine n’en euſt le vent ; il diſſimula neantmoins ſur l’heure ſes ſentimens. Apres le Conſeil, comme nous eſtions deja ſortis, il releua cette reproche, & ſe prit bien fort de parole auec le Capitaine de la Rochelle ; & en fin ſe deporta entierement du corps de Bruſlé, pour ne point aigrir & enſanglanter dauantage cette playe, de laquelle ceux de cette pointe n’ont peu encor ſe purger.

Ce qui nous fit auſſi reſoudre à faire trouuer bon à ceux de la Rochelle, que nous ne touchaſſions ny à l’vn, ny à l’autre. Veritablement il y a dequoy admirer icy les ſecrets iugemens de Dieu ; car cét infame auſſi bien ne meritoit pas cet honneur ; & pour dire le vray nous euſſions eu