Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/33

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encore à leur deuoir que par vn reſpect temporel, ſur lequel on pourroit bien leur faire ce reproche de l’Euangile ; Amen, amen dico vobis ; queritisme, non quia vidiſtis signa, sed quia manducaſtis ex panibus, & ſaturati estis.

Nous auons eu ceſte année deux alarmes, dont enfin, Dieu mercy, il ne nous eſt reſté que la peur ; ç’a eſté ſur l’apprehenſion des ennemis. La premiere, qui auoit quelque apparence, ſut l’Eſté paſſé, & dura tout le mois de Iuin ; c’eſt vn des temps des plus propres à ſemblables eſpouuantes, d’autant que pour lors le Pays eſt deſnué des hommes, qui vont en traitte qui d’vn coſté, qui d’vn autre. L’autre a eſté cet Hyuer, & s’eſt trouuée fauſſe ; en l’vne & en l’autre on la nous donnoit bien verte aſſez ſouvent, tant de iour que de nuict, les femmes et les enfants commençoient à plier bagage ſur le rapport des crieurs, ce ſont icy nos eſpions. La fuite eſt aucunement tolerable en Eſté, car on ſe peut échaper en quelque Iſle, ou cacher dans l’obſcurité de quelque épaiſſe foreſt ; mais en Hyuer quand les glaces ſeruent de pont pour aller fureter les Iſles, & que la cheute des feuilles a éclaircy les foreſts, vous ne ſçauriez