Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/51

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homme comme luy aagé de vingt à vingt-deux ans, euſt le courage de ſuiure les Sauuages ſur les glaces, dans les neiges, & au trauers des foreſts quarante iours continus, & l’eſpace de quelques trois cens lieues, portant, trainant & trauaillant autant & plus que pas vn de ſa bande, car ces Barbares eſtans arriuez au giſte luy faiſoient faire leur chaudiere, tandis qu’ils ſe chauffoient & ſe repoſoient ; Il nous fait au reſte vne belle leçon, car ſi pour contenter vn deſir de voir, il a tant pris de peine, & deuoré tant de difficultez venant en une ſaiſon ſi faſcheuſe, & par des chemins ſi etranges, certainement des perſonnes Religieuſes pouſſées du ſainct deſir de gagner des ames à Dieu, ne doiuent nullement redouter l’aſpreté des chemins, que la commodité des Canots, la ſaiſon plaiſante de l’Eſté, & la compagnie des Sauuages aſſez ſecourables, rendent non ſeulement beaucoup moindre, mais auſſi en quelque façon agreable ; outre que Dieu a des conſolations admirables pour ceux qui le craignent, mais beaucoup plus pour ceux qui l’ayment.

L’occaſion de la venuë des Sauuages de l’Iſle en ce pays des Hurons, eſtoit la mort