Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/64

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ces les quinze iours & les trois ſemaines entieres, dans des incommoditez qui ne ſe peuuent dire. Adiouſtez à tout cela que noſtre vie ne tient quaſi qu’à vn filet, & ſi en quelque lieu du monde que nous ſoyons nous deuons attendre la mort à toute heure, & auoir touſiours noſtre ame entre nos mains, c’eſt particulierement en ce pays. Car outre que voſtre Cabane n’eſt que comme de paille, & que le feu y peut prendre à tout moment, nonobſtant le ſoin que vous apportez pour deſtourner ces accidens, la malice des Sauuages vous donne ſujet de ce coſté-là d’eſtre dans des craintes quaſi perpetuelles : vn meſcontant vous peut bruſler, ou fendre la teſte à l’eſcart. Et puis vous eſtes reſponfable de la ſterilité ou fecondité de la terre, ſous peine de la vie ; vous eſtes la cauſe des ſechereſſes, ſi vous ne faites pleuuoir, on ne parle pas moins que de ſe defaire de vous. Ie n’ay que faire de parler du danger qu’il y a du coſté des ennemis, c’eſt aſſez de dire que le treizieſme de ce mois de Iuin ils ont tué douze de nos Hurons aupres du village de Contarrea qui n’eſt qu’a vne iournée de nous ; que peu de temps auparauant à quatre lieues du noſtre, on deſcouurit dans les champs quelques Iroquois